Collection: Max Bucaille

MAX BUCAILLE
1906 -1996

Œuvres ( collages ) de l’artiste Max Bucaille

“Max Bucaille, puisqu’il s’agit ici de lui prend une paire de ciseaux et de colle. Il se munit de vieux ouvrages illustrés et, pour notre plaisir, rêve éveillé. Qu’on ne prétende surtout pas qu’en ces temps très sévères que sont les nôtres, il y a mieux à faire qu’à rêver : le jeu est aussi une activité nécessaire et sans vouloir lui donner la place prépondérante que lui accordèrent certains pour résister à une mécanisation outrée il faut reconnaître qu’il peut qualifier sur le plan de l’affectivité, les activités réelles de l’homme aux prises avec la Nécessité. Qui regarde ces images, qui rêvera sur elles, pourra peut-être mieux soutenir dans la réalité les objets qu’il trouve ici composés.

Qu’est ce qu’un collage ?
Mais il faut auparavant préciser ce qu’est un collage. Définir sa fonction ou plutôt son fonctionnement. En composant une scène ou un tableau à l’aide d’éléments familiers mais dont la réunion est inattendue, le collage dramatise ces éléments, décape la couche d’innocuité relative dont ils sont recouverts, en deux mots les “faits avouer”. En quelque sorte, le colleur est un metteur en scène : il prend ses meubles et ses acteurs où il les trouve, il les choisit mais ne les crée pas, et avec eux il monte une féérie avant lui impensable. Il est l’élément qui magnétise un ensemble disparate et en fait un tout. Il n’est présent que dans les coulisses mais les rencontres bouleversantes qu’il provoque ne sont pas prés d’être oubliées : elles font leur chemin dans la conscience : elles sensibilisent le réel. Il me semble que pour cette raison Bucailles’oriente vers une conception théâtrale ou spectaculaire : les expériences qu’il poursuit actuellement dans les domaines de la lanterne magique et du cinéma le montrent assez. Outre que la projection lui accorde une dimension supplémentaire, il peut harmoniser des émotions et les préparer, comme le musicien traite avec ses thèmes. Tandis qu’une anecdote, (un scénario), soutient ses compositions et leur permet d’être valorisées. A ce titre, la première version d’une expérience que nous tentâmes ensemble, était insuffisante : “Les Malheurs d’E” ne tenaient pas compte de la nécessité d’une histoire qui put par exemple être résumée, et faisait davantage appel au langage poétique ou lyrique, qu’à celui d’une action.”

Extrait de :http://www.maxbucaille.com/